Coucou mon Ange...

J’ai commencé par pleurer quand elle m’a dit : « on va essayer sans vous endormir »… J’ai imaginé un instant que je n’aurais pas la force ou au contraire, je savais que j’allais y arriver.

Tout doucement, elle a enfoncé le harpon, je l’ai senti piquer, grincer, avancer dans ma chair. Il fallait s’arrêter pour aller vérifier. « Ca va ? » Oui, on continue. C’est facile presque.

Puis je suis ressortie, avec une première victoire.

Dans la chambre un peu vieillotte, on s’est allongé sur le lit une place. Il faisait chaud et je me suis assoupie. Tranquillement contre lui. A l’abris de tout. J’avais du temps devant moi, pour rester dans sa chaleur.

Vers cinq heures, je me suis déguisée. En habit bleu. Quand l’infirmière est rentrée pour me donner sa potion magique, il a attrapé les chaussons pour me les enfiler. J’ai à peine abandonné un pied, trop surprise de tant d’attention.

L’amertume du produit, j’ai essayé de lui faire partager, assurée de ne pas encore sombrer. J’ai juste retenu son regard en partant, son sourire, sa présence.

Dans la salle, tout était trop lumineux, mais j’étais bien, confiante. Le chirurgien est venu me voir, droit dans les yeux : « je finis en beauté avec vous et tout va bien se passer… »

Bien sûr.

A mon réveil, j’ai aperçu le visage souriant d’une jolie infirmière. L’anesthésiste est venue me dire au revoir, tout s’est très bien passé.

De retour dans ma chambre, c’était simple, sans douleur, tranquillement.

J’ai ouvert les yeux à la seconde où il a poussé la porte : « Coucou mon ange ! »

Il est resté un peu avec moi et toute la nuit, je me suis enroulée dans cette phrase, douce et rassurée de toute cette force qu’il me donne.

Cette montagne que je viens de gravir, je l’ai abordée avec ses mains pour me pousser, me retenir, me caresser, m’accompagner, me propulser.

Je me sens entière d’avoir attiré sa lumière.

Je me sens belle et femme de me savoir guidée ainsi…