Pour balayer, effacer, m'alléger, revivre et être à nouveau moi-même. Il m'aura par contre fallu un temps immense pour ne plus me vomir sur moi-même, accepter d'avoir accepter l'inacceptable, d'avoir été à nouveau l'élu du diable pour ses fourberies. Mais à ce jour, je me regarde toujours en face, mes rides sont mes sourires, mes vérités et mes reflets vrais. Je n'envie rien à ceux qui m'ont abusée, je suis triste pour eux quelques instants qu'ils aient imaginé le faire, je les oublies maintenant d'avoir été une telle dépense d'énergie. Reste pour moi tous mes joyaux... Mes enfants. Mes amies. Mes amis. Ma vrai famille (qui n'est pas celle du sang). Ma vie qui pétille et m'élève comme un goéland.
Comme à mon habitude, j’écris sur fond musical. Je me
souviens d’une consigne d’atelier d’écriture qui était de décrire nos rituels
avant de commencer à écrire. J’avais parlé de l’ouverture de mon ordi, puis de
la lecture des mails du jour, puis retour au dossier « ma musique »
pour me choisir un morceau à écouter en boucle, puis lancement de word,
relecture de mes écrits de la veille, retour vers incredimail, et en avant la
zic, clavier qui cliquette…
J’ai fait exactement cela ce soir en rentrant de mon havre de paix.
A cet instant, j’écoute du Scriabine, un concerto pour piano,
le premier mouvement. J’avais découvert ce morceau au printemps 2006 après un
séjour dans la maison de Normandie. J’avais adoré piquer la voiture de mon père
pour aller à Mortagne, seule, et ensuite en revenant, j’avais pris les chemins
de traverse pour visiter ce coin si jolie et verdoyant et surtout profiter de
ma liberté renaissante (c’était le début de mon divorce) tout en écoutant ce concerto.
Ensuite, je l’ai souvent écouté alors que je m’acclimatais dans
mon nouveau chez moi, savourant ces quelques instants de répit avant ma tempête
à moi de l’été de mes quarante ans…
Ce soir, j’ai eu envie de l’écouter, sans doute car les
évènements familiaux me ramènent ce jour dans cet univers slave qui m’a bercée
toute mon enfance et adolescence.
Et je veux continuer à arpenter les chemins de la guérison
pour m’épanouir. Je suis assez fière de moi de ne pas avoir été déstabilisée
par des annonces, ce jour, qui, il y a quelques semaines à peine, m’auraient
fait replonger largement.
J’ai pris le temps d’entendre, de comprendre et ensuite d’aller
à la rencontre pour apaiser.
Cela ne diminue en rien mon chagrin intérieur, mais j’ai
sans doute quelques longueurs d’avance, moi petite dernière, sur un frère et
une sœur qui ne sont pas dans la même réalité que moi.
Alors, c’est vrai que d’entendre mon père si désespéré, est
une douleur insupportable, mais j’ai pu très vite repérer mes piliers pour
rester debout, lui tendre la main, du peu que je peux, et avancer encore, la tête
un peu basse de cette situation si compliquée.
C’est là que je peux constater ma reconstruction.
Et au milieu de tout cela, des litres de miel se sont
déversés sur moi… Inattendus tant attendu, inespérés ou inconnus… Je n’étais
pas au dehors, mais bien à ma place.
Je ne changerai pas, et il ne faut surtout pas ! Toujours
rebondir, repartir même si l’on pense que toute énergie nous a déserté, sur le
moment c’est l’anéantissement, la seconde d’après, c’est le jour qui est
toujours là.
On continue, on poursuit, on s’accomplit, on mûrit, on sourit…
Ce soir, j'ai rencontré une fée. Au travers de nos paroles, nous nous sommes rapprochées, nous avons échangé, et malgré tout le brouhaha environnant, nous étions toutes les deux, l'une en face de l'autre, le regard accroché... Comme une rencontre amoureuse, un coup de foudre, aucun hasard, un signe, encore un...
Elle m'a demandé d'écrire sur un papier ce que je veux pour cet an neuf, et m'a conseillé de mettre de la couleur dans tous mes doutes, car elle n'a cessé de me répéter que mes yeux avaient une couleur magnifique mais qu'il y avait au fond une immense tristesse.
"Chasse là, elle n'est pas pour toi. Eclaires tes yeux, ils seront encore plus bleus. Laisse toi choisir et ne choisis plus à la place de..."
Alors voilà ce que j'ai écris, ce que je relirai à chaque fois que j'aurai l'impression de m'écarter de mon but, de lui être infidèle ou peu fiable...
Je veux un homme à ma hauteur, qui ait envie de m'aimer, sans en avoir peur, qui prenne ce que je lui donne sans le dévier, qui regarde en moi comme dans un livre ouvert sans se sentir emprisonné et qui à tout moment, reçoive mon amour comme un havre de paix, son espace de liberté, pour lui, pour moi, pour un nous deux ensemble. Une épaule, un complice, un héros, un maître, un amant, un associé, un empêcheur de tourner en rond, un calmeur, comme un excitant, une force, une faiblesse, un agacement, un renoncement. Un homme simple même au travers du compliqué du quotidien. Sans doute sur lui-même et donc sur moi. Un homme qui me perfectionne et participe à l'oeuvre de ma vie, comme je le ferais pour lui...
L'an neuf est tout rond et m'apporte déjà ses premières récoltes, ses premiers cadeaux. C'est bon d'être en vie.
Il s'en est passé des jours et des lunes depuis cette mi-août
où on s'est dit qu'on ne refait pas l'histoire, on la continue simplement…
Je me rappelle avoir gravi mon escalier en espérant une
bonne ou mauvaise surprise. Des choses rendues, presque déversées ou du rien du
tout puisque sans importance.
J'avais sur moi ta confiance entière de croire en moi. J'avais
retrouvé le sentiment d'être invincible.
Je suis éblouie de tout cet amour. Je ne me prends pas la tête,
je prends les heures qui avancent et me poussent vers ce que je suis.
J'aime ce silence chez moi.
Les téléphones et
la
TV
sont sans haut-parleur, il y a du mouvement mais pas de
bruit.
Ce w-e, je serai là dans mon chez moi, à la bonne place, à
ma place.
Je me suis réveillée très tôt ce matin. Car depuis quelques jours, j'ai beaucoup dormi. J'ai commencé à me ressourcer enfin, à panser ces fameuses blessures d'égo. Tout cela m'avait envahi depuis plusieurs semaines, à m'étouffer dans mes propres flots d'incompréhension, me rendant alors tellement vulnérable à autrui, ne laissant aucune défense à la réalité qui vous cingle ou vous adoucit, suivant que vous soyez fort ou détruit. Et puis j'ai bien voulu voir que j'étais libre. Est-ce cela qui m'a donné ce si grand vertige ? Vraisemblablement. Non pas le fait d'être réellement libre, mais plutôt d'être dans un nouveau chemin. L'inconnu fait peur, surtout quand il est immense et sans repère.
J'ai fait un travail certain. Je n'ai pas renoncé, je me suis usée, appauvrie, dénudée voire décharnée. Quelque chose de l'ordre d'une grande mise à propre, comme lorsque l'on reprend une toile très ancienne et que l'on fait renaître ses véritables couleurs.
Alors mon égo, cet oiseau si fragile, si palpitant, si extravagant, je l'ai déniché, je l'ai regardé, je me suis apitoyé sur lui... Pauvre de lui d'avoir été si maltraité par sa propre maîtresse. Il est pourtant intact. Au tout au moins, tel quel. A nourrir, à faire évoluer, à protéger et à faire s'épanouir.
Quel est donc celui ou celle qui saurait me le dérober ? D'aucun.
Et c'est ma première réponse à mes jours qui se continuent.
Je le sais, mais je ne peux encore le mettre en mots.
Je le détiens mais je n’ose le prononcer.
Car c’est un pacte tellement particulier.
Toi, bien sûr. Car tu me corresponds âme à âme. Mais pas
dans le corps. Et c’est impossible de te demander ce que je voudrais. Pourtant,
je sais que tu me comprends exactement.
Alors on va continuer ainsi, de proche en proche. De renfort
en force. D’existence vraie en amour clandestin, même pour nous même.
C’est peut-être cela que j’aime avant tout. La magie de la
relation qui est unique parce que pleinement partagée entre deux. Consentie et
comprise.
Je suis en plein jour depuis si longtemps avec toi. Mais
tout ce que tu me projettes, c’est difficile de le reconnaître, parce que j’aimerai
toujours les corps tendres qui bougent, qui me prennent et me retournent.
Je me suis réveillée vers midi. J'ai fait couler le café. Je le buvais devant mon ordi, à relire les mails de la nuit, de la veille, du soir, du lendemain, tout ce que j'écris, tout ce que j'extirpe de moi. Je me suis alors rendue compte à quel point je suis exténuée. Mon corps est lourd de ne plus trouver un peu d'énergie pour repartir. Et le téléphone a sonné : ma chère et tendre Maman. Nous avons parlé beaucoup. De mon travail et surtout de toi. Elle sait maintenant le chagrin où je suis, elle me connaît si bien puisque c'est elle qui m'a faite avec mon père. Doux parents si forts de pouvoir entendre le désespoir de leur grande fille de 42 ans... Ensuite, j'ai pris une douche, très longue. Pour me laver de tous ces fardeaux, pour laisser l'eau me redonner un peu de vie. Maintenant, je suis dans mon lit. Il fait bon et j'ai laissé la fenêtre ouverte. C'est un air d'après orage qui rentre et apaise ma souffrance. Mon chat-peluche est là, attentif et toujours si câlin.
Que vais-je te dire ce soir, ou au moment que tu choisiras pour m'expliquer ton attitude ? Que tu n'es pas un problème pour moi mais que par contre j'en suis devenue un pour toi ? Ce n'est donc pas à moi de décider. Je t'aime sans condition et je suis ouverte à toi et tu sais à quel point. Et c'est cela qui est violent pour toi et que tu dois prendre comme une agression. Car alors, tu te trouves devant ton propre miroir, à regarder comment tu agis et non à quoi je réagis.
Tu as beaucoup de travail à faire sur toi même et alors nous nous retrouverons peut-être pour faire ce chemin que nous espérons tous les deux faire ensemble.
Aujourd'hui, si j'ai tant de mal, c'est que je ne peux rien faire pour toi, ni à ta place. Je ne peux pas te guérir contre ton grès. Je ne peux pas absorber ta souffrance pour que tu sois ensuite léger et prêt à vivre librement et pleinement. Et c'est cela qui me détruit. Me rendre compte que mon amour t'est inutile voire qu'il t'est néfaste et dévastateur.
Je suis devant ta cage. Je te voie. Tu te fracasses contre ses barreaux, tu mets à jour toutes tes blessures du passé, tu saignes de partout, tu te mutiles entièrement mais tu ne t'arrêtes pas, tu ne capitules pas, tu rugis et tu t'agites comme un King Kong en haut de son building.
Et moi je suis là, tétanisée à observer et A NE RIEN POUVOIR FAIRE POUR TOI.
Je dormais à cette heure, j’attendais aussi mais je ne
savais pas encore qu’une vie allait partir à 8 h 30.
Aujourd’hui, je pense qu’un an s’est déroulé déjà, et je
devance les heures en sachant que tout à l’heure, cela fera exactement un an
que Barbu est parti.
Je suis en paix.
Et je pense que lui aussi.
J’ai gravi cette année avec beaucoup pour lui. Même s’il n’est
plus là, il est ma plus belle récompense, celle d’exister.
J’entends toujours ta voix.
Je n’ai pas effacé ton numéro de téléphone sur mon fixe et
sur mon portable, ni ton adresse mail dans ma messagerie. Je la voix
pratiquement tous les jours, car elle est juste en dessous de celle de Ben.
Mes choux se sont endormis si vite… Ma grande en haut de son
lit, mon petit au fond du mien.
Dans quelques instants, j’irai le rejoindre, je pétrirai
contre moi ce petit corps si tiède, cette vie si forte, cette fragilité immense,
fière devant tous les devenirs.
Je ris, je pleure, je suis fatiguée et puis encore, d’accord
pour repartir, continuer, poursuivre, précéder…
J’attends des jours plus tièdes pour réchauffer mon
squelette fragile, mes tensions de tous les instants qui me rendent si
aiguisée.
J’ai envie d’une main contre moi, qui caresse ma joue et me
promet d’être tranquille.
Je voudrais balayer ma colère d’être si petite, je voudrais
dresser ma féminité d’être si déroutante, mais ça, ça ne me plait que peu, je
préfère les ouvertures de l’authentique, le regard du vrai sur ce que je suis.
Il y a des images qui défilent depuis longtemps dans le
silence.
Fragile.
On continue, on recommence, au grès du temps qui se conjugue
sur des mélodies intimes, un rire, une parole, une voix, un chemin, un écho, un
oubli, un désir, une liberté.
Une ligne de basse qui vibre au fond des reins, dans le
froid d’un hiver qui se termine, c’était il y a deux ans passé, je n’avais pas
encore mon espace et j’étais fabuleusement confiante dans les sentiments
suscités, belle de me savoir attendue, mirage, rêve, les secondes se sont
effondrées ou accumulées, enchaînées.
Silence.
L’univers n’a pas de tonalité, que celle que chacun sait lui
offrir.
A prendre ou à rêver.
A dévorer ou aimer.
A ouvrir et à ne plus refermer.
Je ne pourrais aller dans quelques jours auprès des sources
vertes, dans le sable rouge et ocre, ou encore dans le vent qui pousse sur les
terres qui sont toujours sèches.
Je ne sentirais plus la bouche chaude de ce père non reconnu
à qui j’ai chuchoté mes promesses de vie et il ne verra pas lui-même les
ressacs de mon utilité.