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Blog Blanc Sur Ecran Noir
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9 juin 2006

Dialogues d'un soir, d'un matin, d'une après-midi...

Hier soir, j’ai un peu attendu son arrivée mais c’était sans crainte. Puisqu’il allait venir. Et puis du coup, j’ai pu finir de nettoyer le balcon, avec de la Saint Marc et pas de l’eau de Javel, siouplé !

Il a frappé à la porte et son corps s’est immédiatement collé au mien, par son odeur, sa douceur, sa complicité. On a d’abord commencé par se faire une immense salade de pâtes avec des tomates fraîches, pas tout à fait assez, du basilic, un peu de Madame Loïc, de la crème et de l’ail.

Un énorme saladier.
Parce que moi j’avais fait du vélo, lui avait fait du marteau.

Nous avons savouré cette soirée comme nous en connaissons depuis tout le temps. A se toucher, s’embrasser ; on a glissé sur mon parquet, se passant tour à tour les coussins pour être bien. On a vu le tabouret du piano de très près, sans se faire de mal.

Vers 2 h, je lui ai saisi les deux mains pour le mener dans mon lit, le couvrir sagement de la couette et l’écouter s’endormir comme un bébé. J’ai rangé le salon, j’ai écrit un peu, beaucoup, énormément. Et j’ai glissé mon corps à côté du sien. Pour mieux m’en servir et abuser de lui dans son sommeil.

Il m’a dit ne rien se rappeler.
Très bien, comme ça la prochaine fois que je recommencerai, je serai beaucoup moins sage.

Je me suis réveillée à 6 h 30. Comme tous les matins depuis quelques jours. Quelle que soit l’heure où je m’endors. C’est à cette heure que mes yeux s’ouvrent. Avant, je plonge dans un rêve qui me découpe et me rend sirupeuse de sang. Quand je reprends ma réalité, j’étouffe à l’infini quelques secondes. Cela a été pareil tout à l’heure. Alors je me suis blottie contre lui, à l’écouter soupirer dans sa quiétude, à reprendre vie par sa chaleur. Pour lui offrir mon premier sourire à son premier regard du matin.

Vers 10 h, j’ai réussi à décoller de chez moi. J’ai renoncé à prendre le vélo, mon circuit administratif étant un peu long. Et heureusement, car dès mon premier arrêt, à la banque, j’étais déjà épuisée, en larmes quelques minutes dans ma voiture, parce que je suis fatiguée de devoir me battre à ce point. J’en ai assez d’avoir à répéter mon histoire personnelle somme toute très banale pour obtenir gain de cause alors que je sais pertinemment que je l’obtiendrai de toute façon.

J’ai affronté la CAF. Et là plutôt, bonne surprise. Je suis repartie légère pour aller de nouveau me fondre dans ses bras.

Je me suis sentie comme un petit soldat qui a bien travaillé en arrivant chez lui. A un tel point, que j’avais déjà rangé mes armes et que je préférai son invitation à la sieste plutôt que de replonger dans des lettres de boulot. De toute manière, j’ai tout le week-end pour le faire.

On s’est endormi et vers 16 h, il a bien fallu se séparer.

Je sentais que quelque chose montait en moi. Bien plus qu’une fatigue, une impuissance face à l’obligation de devoir encore être agressée. Je sais que c’est pour la bonne cause. Mais je me sens si fragile. Il faut en passer par là pour guérir. Alors qu’est-ce donc qu’une petite piqûre qui va venir goûter mes cailloux ?

J’ai fait un saut chez moi pour poser mon ordinateur, j’ai retracé un trait de crayon noir sous les yeux, un peu de poudre à bronzer pour avoir l’air bonne mine. Et j’ai réintégré ma voiture. J’aurais du aller finir un autre dossier. Et je n’ai rien pu faire. J’ai juste pu appeler Valou et c’est Marie qui a répondu. « Arrive, viens au magasin, je suis toute seule, on va parler ».

Heureusement que je connais le chemin par cœur pour aller là-bas. Pas très loin de Pey Berlan, à un feu, j’ai entendu un « Madame, vous allez bien ? ». C’était une femme flic dans sa voiture qui me regardait. Je n’avais même pas réalisé que je pleurais avec de gros sanglots ; je n’avais qu’une idée en tête, aller m’asseoir sur le petit tabouret dans le coin de la droguerie, regarder les clients rentrer et faire leur caprice, parler un peu avec Marie et puis si possible même, me laisser câliner par une maman.

Je me sens tellement toute petite fille face à ce que je traverse.

J’ai rassuré la policière et je suis vite allée me garer à Saint Christolly. J’ai tout d’abord laissé mon ticket dans la voiture et j’ai fait un voyage en ascenseur pour rien. Je ne sais pas si j’ai aimé le vent chaud qui m’a happée en sortant dans la ville. Je suis juste allée me cacher auprès de Marie. Monique est arrivée. Je devais avoir une tête affreuse. Elle m’a dit ne bouge pas, je vais chercher Kiki. Comment aurais-je pu faire autrement ?

J’ai vu surgir un grande nana aux cheveux courts qui m’a demandé si c’était moi la miss aux yeux bleus.
Oui.
Tu vas pas bien.
C’est vrai.
Tu me racontes en trois mots.
Divorce, (mais ça c’est banal), des petits cailloux suspects que l’on visite mardi matin. Et j’ai la trouille au bide, j’veux plus qu’on me fasse du mal. Je ne veux pas sentir réellement qu’il y a peut-être quelque chose. Je ne veux pas avoir un gros pansement. Les enfants ne sont pas au courant et ma puce va le voir. Je suis fatiguée. Je sais bien que c’est pour guérir. Mais cette guerre m’épuise.
Pleures, c’est un peu nécessaire maintenant et tu ne sais rien faire d’autre pour le moment. Ensuite, on va boire un café. Et lundi, tu passes à mon cabinet et je te fais un massage tout particulier.

Voilà. Aussi simple encore une fois que le hasard d’une rencontre.

C’est ensuite ma douce fée blonde qui est venue me prendre les poignets : tu dois manger, regarde comme tu as maigri. Et puis mardi soir, tu débarques ici avec tes bibous. On fera un dortoir d’enfants au deuxième et si tu veux, tu dormiras avec Maman tout en haut. Mercredi, je m’occupe de la marmaille et toi, tu te poses avec nous.

Bien sûr que oui je vais le faire.
Je suis beaucoup trop à nu pour ne pas me protéger.
Là tout de suite, je vais aller m’allonger. Trouver un peu de sommeil.
A mon réveil, s’il est à l’aube, je regarderai le jour se lever.
J’aurais peut-être les épaules moins lourdes.
En tout cas, il y aura encore des heures d’écoulées pour m’approcher de mon ailleurs qui va être forcément meilleur.
Et même si j’ai encore le cœur gros de tout ça, je continuerai à avancer.


Parce qu’entre tes bras, la vie est un plaisir…
Et que tu me donnes envie de la prendre doucement.

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