Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blog Blanc Sur Ecran Noir
Blog Blanc Sur Ecran Noir
Publicité
Archives
7 mai 2006

Mariella

On s’était éteint sur le quai de la gare. Lui à partir pour Dourdan, moi pour la forêt de RBT. On avait derrière nous des cavalcades dans la garrigue à se laisser pousser par la tramontane, des soirées devant la cheminée, ivres de fatigue, chauds de toutes nos empoignades, tendus dans notre désir sans lendemain.

Devant la porte de la maison rangée, Jean m’avait tendu la main pour m’attirer contre lui : « c’est la fin de votre histoire, n’est-ce pas ? » Je ne voulais pas y croire.

Alors, j’avais vaillamment affronté le quotidien, à retourner au lycée, en passant sous le grand pont, en attendant un train qui passe pour crier mes tripes, les déverser, les faire s’évader de ma torpeur, de ma douleur à être ainsi abandonnée.

On se croisait, on ne s’asseyait plus à la même table, tout devant, lui derrière, moi, les yeux plein de larme à écouter le prof de français, pensant que la poésie pourrait alors me guérir.

Plus aucun repère, en somme. Perdue d’être laissée, plus aimée. J’étais en alerte tout le temps, à dégager le moindre détail.

 

Inconsciemment, il y avait eu le mouvement de sa nuque, cachée par des cheveux ondulés et châtains, une bouche fine et rouge framboise, un rire venant de la gorge, désireux de se laisser caresser. J’avais observé son débardeur qui laissait libres ses seins volumineux. Et j’avais bu un café, mes yeux rivés dans les siens, à écouter sa passion pour le théâtre.

Le soir, sans aucun doute, j’avais gravi l’escalier en colimaçon pour rejoindre ses appartements. Comme une maison de poupée, perdue dans un univers chatoyant, avec des détails à n’en plus finir.

Pourtant, c’est dans une chambre orange que nous nous étions allongées, dans un lit inhabité habituellement. Toute la nuit, nous avions confronté nos formes, elle, généreuse et tendre, moi, longue, liane et lionne.

Au petit matin, ma revanche, ma victoire, ses mots dans mon cou : « Il ne doit pas te laisser, je ne suis rien à côté de toi ».

 

Douce Mariella. Je t’ai conquise pour mieux me rapprocher du jeune homme que nous convoitions ensemble. Et ainsi, je l’ai quitté définitivement par moi-même, trop heureuse de t’avoir dégustée.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité