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Blog Blanc Sur Ecran Noir
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2 mai 2006

La première pierre...

Le premier regard, le premier mouvement qui s’imprègne sur la mémoire… Pierre était rentré avec sa chef, il tenait dans ses mains quelques bouquins, des CD ROM. Sa chef, je la connaissais depuis longtemps, elle n’était pas une surdouée de l’informatique, mais elle se débrouillait et surtout, elle avait un sens pratique qui me convenait tout à fait. Je l’avais souvent au bout du fil pour lui poser des questions impossibles et je crois bien qu’elle en avait assez. C’est certainement un peu pour cela qu’elle avait amené son stagiaire du moment. Je les avais appelé car je débutais dans les macros et qu’évidemment, j’avais réussi à verrouiller Word.

Pierre… Grand, très brun, avec des cils immenses sur ses yeux sombres. Très félin. Mais surtout si doux.

On a joué longtemps ensemble, prenant un plaisir non dissimulé à se téléphoner, s’envoyer des mails très « professionnels », se croiser au self.

Un matin d’automne, j’ai tout fait basculer. Il avait été hospitalisé en urgence en réa pour un œdème de Quincke pris à temps. Je lui avais rendu visite et l’avait trouvé, assis sur son lit, juste en caleçon.

En revenant à mon bureau, je lui avais envoyé un mail très aguicheur, comme un suicide ! Une audace qui prend tout l’esprit et va balayer toute l’existence. Je n’avais pas trop d’espoir si ce n’est de mettre fin à notre relation si agréable.

Il m’a fallu attendre plus d’une semaine et un matin, il m’a répondu. Le midi, nous désertions l’un et l’autre nos lieux de travail pour se retrouver à mi-chemin… Des vrais ados ! A se bouffer de baisers torrides. Sages malgré tout, dupés de ne pas vouloir franchir certaines barrières, loin derrière nous depuis longtemps.

« Comment peut-on négliger quelqu’un comme toi ? »

Cette phrase m’avait profondément troublée… J’étais donc un peu plus que l’ombre de ma vie paisible de femme mariée avec une petite fille ?

Et puis un jour, il est venu me chercher très tôt pour déjeuner… C’était en novembre. Il faisait froid et il y avait plein de brume.

Les mots ne venaient pas car ils retenaient encore la fin de cette histoire charmante.

« Je suis très amoureux de toi. Mais tu as ta vie, ton mari, ta fille. Et puis maintenant, il y a tant d’hommes que tu vas laisser t’aimer… Et je ne supporterai jamais de ne pas t’avoir pour moi uniquement. Je préfère te savoir libre… »

Je l’ai maudit au fond de moi, je l’ai détesté et adoré à la fois. Il a ouvert le premier verrou de ma prison.

Aujourd’hui, on se croise, parfois au travail. On se repère de loin, on s’approche comme si on s’était quitté la veille, on s’effleure et on passe notre chemin.

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