Nuit première d'un escargot tout chaud
Trac sans l'avoir, je m'aventure et je me sens mieux.
Je laisse quelques traces ce soir.
Parce qu'il est crucial que je fasse
le tri, que je donne ce que j'ai de moi et pas de mes illusions.
Par exemple, là tout de suite. J'ai le corps chaud et doux de ma nuit
passée. C'est sans doute pour cela que je ne veux pas trouver le
sommeil. Je préfère rester encore dans ces instants lourds, suaves,
collant de sueurs excitées, sur des corps que se rencontrent et se
bougent.
Mais c'est le mien que je vois ainsi. Assourdi dans mon
mental. J'ai juste envie de voir le désir me submerger.
Mes yeux sont des appareils photographiques et j'enchaîne tous les
plans mais aussi j'entends et enregistre la voix qui me modèle. Dans la
pénombre de la chambre, j'observe encore les courbes qui s'emboîtent et
j'ai encore dans la gorge mes soupirs de vie.
Ce n'est pas maintenant que je dois céder.
C'est trop bon tout ça.
Je me sauve et je vais guetter derrière mon canapé qui de vous viendra
m'effleurer.
Comme une souris verte qui se réjouit à l'idée d'être
trempée dans l'eau puis dans l'huile...