Rencontres

Un prof rencontré au milieu du hall de l’hôpital, ça faisait plus de dix ans qu’on ne s’était pas vu. « comment vas-tu ma belle ? » « tu vois là-haut, j’y suis, je t’y attends ».

Un visage heurté au coin d’un couloir. Evaluation des voix, on se connaît, on se reconnaît.

Un rendez-vous bruyant, sur le ton de l’humour, les voiles se lèvent, partage d’une dizaine sans l’autre.

Un soleil dans les yeux devant un visage buriné, un regard accueillant.

Une heure en tête à tête avec une ouverture sur le monde entier car l’internet est ainsi.

Une aigreur, une agression, un pardon, je ne suis pas méchante et je ne me protègerai pas, car je ne le deviendrai pas.

Encore un regard bleu, dans un bâtiment hors temps, une poignée de main engageante, « bon w-e Madame », « à bientôt Monsieur ».

Et puis, ça ne s’arrête pas, dans les meubles feutrés d’une direction, un visage connu, repéré, mémorisé car exceptionnel, il pousse la porte, on se reconnaît, j’ai encore la tête dans mon bouquin, il se rapproche et me salut. Lui, je l’apprécie…

Un autre moment de pétillement, comme un champagne qui se débouche sans fin.

Et finalement, la journée se termine, sur les notes de mes élèves de piano.

Pas vraiment terminée, puisque chez moi, je continue sur mon élan ou mon repos bien mérité.

Je fais le bilan.

Je suis facile, emportée par mes élans, mes vagues, mon courant, ma vie, qui rigole, se « triste » aussi, puis je repars, je suis déçue de ne pouvoir aimer plus, je voudrais être un plus qu’un rien qui passe, je me rappelle de cette main en cire qui me prenait encore un peu de vie, je me souviens de cette peau fraiche au milieu d’un juillet qui n’irait pas au bout du mois.

J’ai dit au revoir.

Je ne porte pas les  « revoir » de demain.

Je ne suis que là, à mon soir d’hiver vers le printemps qui revient.