Rencontre...

10 février 2006

J'étais arrivée quelques minutes en avance et j'ai pourtant attendu près d'une demie heure. L'hôtesse d'accueil n'arrêtait pas de se lever pour aller voir s'il avait enfin fini sa conversation.
C'était peut-être mon visage, mes yeux, ma fatigue non dissimulée qui l'inquiétaient.
Moi, j'étais assise prêt de la porte dans une chaise ronde et noire. Je regardais la rue, les maisons sur le trottoir d'en face. Je me demandais si le futur divorcé allait venir me chercher ici... Pas de crainte, trop lâche pour ça...
Je sentais ma bouche sans sourire, mon regard trop triste à cet instant.
Et le notaire a surgi, me tendant la main chaleureusement. J'ai eu un choc : j'avais oublié qu'il était aussi séduisant. Mince, élancé, les cheveux longs à la Chopin, des yeux couleur cendre, comme les braises qui viennent de s'éteindre et qui sont bleues nuit, une bouche sensuelle et souriante.

Il m'a conduit dans son bureau que je connaissais d'il y a cinq ans. Je lui ai exposé la situation, très distante d'abord car je voulais à tous prix dissimuler ma souffrance. Puis peu à peu, un jeu de regard s'est installé, je l'ai senti venir me chercher, disposer autre chose devant lui qu'une simple liste d'un argent à partager. Il a écouté ma blessure de femme, il l'a légèrement adoucie en me livrant des mots d'homme qui rassure, protège et fait confiance.
Je me suis sentie bien dans cette intimité de quelques instants. Vraie. Vue. En Vie.
Mon plaisir venait aussi du partage car je sentais qu'il était lui aussi dans une complicité du moment, toute en délicatesse, sans gêne mal placée.

C'est magnifique, ces rencontres ! J'adore cette puissance de l'imprévu.
Mais je ne cherche plus ce libertinage effréné. Il est tellement facile de mettre dans mes yeux un peu plus de bleu encore pour troubler et charmer cet autre en face de moi qui ne connaît rien de moi. Jeu des corps, des courbes, des gestes, de la voix qui se fait claire ou douce, ou les deux à la fois.
Car je me rends compte à quel point je suis exclusive. Je ne veux pas d'amour au présent qui ne revient pas, qui n'a de lendemain que dans l'amoncellement des souvenirs.

Je suis d'une fidélité terrifiante. Pour aller au-delà de moi, dans tous mes sens réunis. Pour me donner entièrement.
Et quand tu prends mon visage entre tes mains et que tu emmènes mon corps dans un plaisir sans limite, j'ai mon coeur qui explose de toute ta force, de tout ce que tu m'offres... Parce que c'est mon âme que tu illumines, c'est mon esprit que tu ranimes, c'est mon bonheur que tu autorises...

Posté par Beylliza à 01:02 - Commentaires […] - Permalien [#]